6 mai 2011

Héritages pages 1 à 11 ...

Eléna avançait droit vers son destin. Qu’allait-il lui arriver ? Elle n’en savait rien, toujours est-il qu’elle devait aller dans ce château, ses jambes la portaient elle ne pouvait lutter contre. Son destin l’attendait.


            « Mais pourquoi ?!
-          Nous n’avons pas le choix ! Cesse de faire l’enfant Eléna !
-          Mais p’pa ! On doit vraiment partir dans ce coin paumé ? Je n’ai pas envie de tout quitter !
-          C’est une opportunité qui ne se représentera peut-être jamais ! Si tu dois faire des études je veux pouvoir t’offrir ce qu’il y a de mieux ! »
Eléna regardait les déménageurs embarquer les derniers cartons. Elle avait une boule au ventre. Ses amis étaient venus lui dire au revoir la veille au soir. Elle ne voulait pas d’effusion de pleurs le jour de son départ. On avait proposé à son père un job de conservateur très bien payé et il avait accepté. Eléna savait que c’était important pour lui, et elle n’aurait jamais osé lui faire du chantage pour qu’ils ne déménagent pas, cependant elle était fermement décidée à lui montrer son désappointement. Son père était conservateur de musée, restaurateur d’art, archéologue… Bref l’histoire c’était son truc. La mère d’Eléna avait disparue peu après sa naissance et ils en parlaient très peu.
            « Tu vas te plaire là bas !
-          Je ne crois pas non…
-          Tu te feras de nouveaux amis ! et puis…
-          Et puis ? Je ne veux pas de nouveaux amis, ceux que j’ai sont très bien !
-          Léna, on en a déjà parlé milles fois…
-          Ok ! Mais tu auras la soupe à la grimace tout au long du trajet…
-          Pas de problème, j’ai l’habitude ! »
Eléna fit une grimace à son père ce qui déclencha le fou-rire de celui-ci. Il avait tellement l’habitude du caractère de sa fille, depuis la naissance de celle-ci il l’élevait seul. Ce qui, il devait bien l’avouer n’était pas des plus facile, il y a des choses dont les jeunes filles ne veulent pas parler avec leur père il en était conscient. Heureusement ils s’étaient toujours bien entendus et n’avaient pas trop de mal à communiquer. Il savait quel sacrifices elle faisait en quittant leur nids douillet et s’était juré de lui rendre la vie plus facile.
Ils se mirent en route après un dernier regard vers leur désormais ancienne maison. Le trajet dura deux jours. Lorsqu’ils furent arrivés, Eléna dormait à point fermés à l’arrière de la voiture. Ils s’étaient relayés au volant et c’était son tour de faire une pause.
            « Eléna… Ca y est… On est arrivé… lui murmura son père.
-          Hein ? Quoi ? Eléna avait du mal à faire surface.
-          On est arrivé à bon port ! »
Lorsqu’elle émergea enfin, elle s’aperçut que le jour était en train de se lever… Mais ce ne fut pas ce qu’elle remarqua en premier ni ce qui retint le plus son attention. Elle n’en croyait pas ses yeux. Son père lui avait parlé d’une grande demeure très ancienne appartenant à une très ancienne famille. Mais elle se retrouva face à un véritable château. Des tours à chaque point cardinale, des cheminées tous les 3 mètres, des quantités de fenêtres qui scintillaient au levé du soleil faisant apparaître la façade comme un bijou aux milles diamants. Eléna regarda partout, elle avait envie de tout voir.
            « Voilà ! Je t’avais promis de t’offrir une belle maison…
-          Mais papa ! C’est un véritable palais !
-          Normal ! Pour ma princesse !
-          Pff… Arrête !
-          Tu aimes ?
-          Si J’aime ? Mais j’adore ! Tu aurais pu me prévenir !
-          Et gâcher la surprise ? Certainement pas !
-          C’est trop génial ! Je peux ? elle faisait un pas vers l’entrée
-          On doit d’abord s’installer… Mais je te promets de te faire visiter. Nos appartements sont de ce côté indiqua-t-il à Eléna en pointant son doigt vers la gauche. »
Eléna tourna la tête et découvrit une aile du château qu’elle n’avait pas remarqué avant. Comment aurait-elle pu ? Cette partie était située derrières des arbres et la pénombre du matin n’apportait pas beaucoup de lumière. Eléna laissa son regard se promener le long du bâtiment. C’est alors qu’elle vu une fenêtre allumée au château. Une ombre s’y dessinait, quelqu’un les observait. Surement le propriétaire se dit-elle. Eléna haussa les épaules puis détourna son regard, sentant toujours celui de l’inconnu qui pesait sur elle. Cela lui fit froid dans le dos. Sa première impression, qu’elle avait eue en découvrant sa future maison, s’était évaporée. A présent elle se sentait bizarrement mal à l’aise, elle avait la chaire de poule mais cette sensation ne devait pas durer car son père lui réservait une autre surprise qui devait la remettre en joie…
Son père ouvrit le chemin. Un petit sentier sinuait à travers les arbres jusqu’à l’entrée principale de leur maison. Cette aile du château doit être plus récente que le reste…se dit Eléna. En effet cette partie de la demeure devait dater des années 1800-1900, alors que la partie principale devait avoir 200 ans de plus au minimum. Plus ouverte avec ses grandes fenêtres cette dépendance possédait même un jardin d’hivers extrêmement bien entretenu. La porte s’ouvrit sans bruit et sans opposer de résistance et ce malgré sa taille et son âge. On avait tout allumé à l’intérieur. Le hall d’entrée…
            « On a un hall d’entrée !!! S’exclama Eléna. Mais il est immense !! »
Eléna écarquillait ses yeux essayant encore une fois de tout voir. Les murs étaient de couleur claire, les lustres reluisaient, habillés de pampilles ; les meubles d’époques ne montraient aucune rayure, aucune trace du temps écoulé. C’était comme si en passant la porte Eléna avait fait un voyage dans le temps. Elle aurait même pu s’imaginer avec une robe du dernier empire ; elle avait le physique parfait pour cela. De taille moyenne, avec de longs cheveux bruns et des yeux verts, la nature lui avait donné tous les atouts féminins qu’il fallait…
            « Eléna ? Son père l’appelait, ce qui l’a fit sursauter. Eléna ? Ca te plait ?
-          Quoi ? ah oui ! C’est génial ! J’ai hâte de tout visiter !
-          Je vais te montrer ta euh… « chambre »…
-          Papa ?
-          Oui… bon ben… tes appartements comme on disait à l’époque
-          Appartements ? »
Eléna suivit son père dans un dédalle de couloirs. De l’extérieur, elle ne s’était pas rendu compte à quel point cette dépendance était grande. Son père s’arrêta devant une porte d’un bois très noir et la regarda en souriant. Il trépignait littéralement d’impatience à l’idée que sa fille découvre la chambre qu’il lui avait réservée. Dans un grand geste théâtrale il lui ouvrit la porte. Eléna n’en cru pas ses yeux. Sa chambre était digne d’un loft tant par sa taille que par sa décoration. Tout s’y mélangeait en harmonie ; les meubles anciens, le design et la technologie. Tout ce qu’aimait Eléna.
            « Oh Papa ! Mais c’est de la folie !
-          Je n’y suis pas pour grand-chose. Le propriétaire savait quels sacrifices tu faisais pour moi, et il a souhaité faire en sorte que ton séjour ici te soit le plus agréable possible !
-          Fais-moi penser à le remercier… après ma douche… Où est la salle de bain ?
-          Ta salle de bain doit être derrière cette porte lui indiqua-t-il en pointant son doigt vers une porte cachée sur le mur.
-          MA salle de bain ! Nan ! Ce n’est pas vrai ! Oh papa, je commence à admettre que tu avais raison en disant  que c’était une opportunité à saisir que d’accepter ce job ! »
Son père éclata de rire et sur cette note optimiste, il laissa Eléna découvrir son nouveau royaume…  
Sa chambre aurait fait pâlir plus d’une de ses anciennes amies. Un immense lit à baldaquins, des canapés, des coussins partout, une télé, un ordinateur avec accès internet, une salle de bain avec douche et baignoire, il y avait tout ce dont une jeune femme pouvait rêver, sans parler du dressing. Le Dressing. Quand elle l’ouvrit, Eléna eut la surprise de découvrir qu’il était déjà à moitié rempli… Rempli de robes coutures, de jeans griffés, de chaussures. Perplexe, elle referma la porte du dressing, non sans un dernier coup d’œil vers les chaussures. Eléna adorait ça, elle en avait déjà des centaines, mais elle en voulait toujours plus. Ce qui faisait toujours rire son père, c’est qu’elle avait toujours une plus grosse valise pour ses chaussures que pour ses vêtements… Attrapant un jean et un T-shirt confortables, elle alla profiter de la salle de bain avant de se mettre au travail. Eléna passa la journée à déballer et ranger ses affaires. Elle n’avait pas envie de gâcher la décoration de sa chambre avec ses vieilles affaires d’adolescente, il y en eut donc une bonne partie voire la quasi-totalité qui restèrent dans les cartons direction un débarra. Le soir venu Eléna se dirigea – tant bien que mal- vers la cuisine pour un dîner frugale avec son père qui n’avait apparemment pas eu le temps d’aller acheter à manger.
            «  Alors ? Tu as pris possession de tes appartements ?
-          Oui ! Demain il faudra que j’aille prendre possession du lycée…
-          Ah oui ! D’ailleurs, comme on en est assez loin, il va te falloir une voiture, je ne pourrai pas tout le temps t’y emmener, et puis tu n’auras pas tout le temps envie de m’avoir sur le dos, il te faut ton indépendance !
-          Une voiture ! Ouais j’suis d’accord, mais…
-          Ne t’inquiète pas. Mon nouveau patron en met une à ta disposition.
-          Ah bon ! Mais il n’a pas d’enfant ou bien tu es super important ? Ma chambre, mon dressing blindé de fringues, et maintenant une voiture ! C’est quoi l’embrouille ?
-          Non ! Il a un fils, et il veut que l’on soit à notre aise ici !
-          Mouais… C’est louche… Mais je ne refuserai pas une voiture ! »
Ils discutèrent ainsi une bonne partie de la nuit. Exténuée, Eléna dormi d’un sommeil profond. Profond mais agité, elle avait une sensation bizarre, quelque chose la gênait, mais à son réveille elle avait tout occulté.
Eléna eut du mal à se lever, elle n’avait certainement pas assez dormi. Première chose à faire pour elle, aller à la cuisine pour prendre un bon petit déjeuné pour bien se réveiller. Quand elle entra dans la cuisine, elle découvrit une table de petit déjeuné gargantuesque. Il y avait de tout, pour tous les goûts, du petit déjeuné français au petit déjeuné anglais. Cela tombait très bien puisqu’Eléna avait une faim de loup. Son père était déjà installé à table la tête dans ses dossiers. Il leva le nez pour lui dire bonjour. Eléna le regardait d’un air surpris en lui désignant la table.
            « Ah oui… Je suis allé au château parce que nous n’avions pas eu le temps de faire les courses comme tu le sais. Et ils m’ont dit qu’ils s’en occupait et voilà…
-          Ah euh… OK… C’est bizarre quant même…
-          Cet après midi j’irai faire les courses promis, comme ça tu ne trouveras plus rien de bizarre. Je ne comprends pas ta réaction !
-          Ils sont trop gentils.
-          Et alors ! C’est rare mais ça existe voilà tout ! Allez manges ou tu vas être en retard pour ton premier jour. »
Il avait eu ce ton ferme qui signifiait qu’il ne fallait pas rétorquer. Elle s’installa donc et mangea, son père étant déjà retourné à ses dossiers. Lorsqu’elle alla se préparer elle hésita entre ses vieilles affaires et celles qu’on lui avait mis à disposition. Elle opta pour un mélange. Dans le dressing elle prit un jean qui lui allait comme un gant et une paire d’escarpins. Et dans ses affaires elle prit un top et un boléro. Après un passage par la case salle de bain, elle était fin prête.
            « Papa ! J’y vais !
-          Attend je t’accompagne à ta voiture…
-          Ah bon ! Pourquoi ?
-          Parce que… et bien… Je veux te souhaiter bon courage… 
Eléna ne fit pas de cas de cette remarque. Son père était parfois bizarre, mais après tout elle comprenait, il n’avait qu’elle dans sa vie. Ils se dirigèrent donc ensembles vers la coure de devant par le petit sentier. Lorsqu’Eléna découvrit la voiture elle ne sut plus quoi dire. Elle resta scotchée sur place. Et là, elle comprit pourquoi son père tenait tellement à l’accompagner. Il la regardait en souriant.
-          En fait tu es venu uniquement pour te moquer de moi, tu savais pertinemment quelle voiture ton boss allait me prêter et tu savais donc que j’allais faire une drôle de tête…
-          Moi !? Non… Je n’aurais jamais osé ! »
Il souriait, moqueur. Eléna était bluffée. C’était une férue de voiture - surtout celles qui roulent vite – et elle connaissait bien ce modèle quoi que peu conventionnel. Un coupé sport noir mat ! Vitre tintées, jantes en aluminium, moteur de 200 chevaux… Elle n’avait qu’une envie, c’était de prendre le volant et de conduire. Conduire sans s’arrêter. Rouler, tout simplement.
            « C’est dingue ! J’vais pas en cours avec elle !!! Sur le parking ils vont me l’érafler…
-          Mais non… En tout cas, une chose est sure, ils ne remarqueront que toi !
-          Pff… N’importe quoi ! c’est elle qu’ils vont voir !
-          Allez. Amuses toi bien ma puce ! Ah ! Et fermes la bouche ! »
Son père riait de bon cœur, Eléna ne s’était pas rendu compte qu’elle était restée bouche bée. Au même moment, une voiture sortie du parking du château. Le même coupé sport qu’Eléna. Les vitres tintées empêchaient de voir le conducteur.
            « Le fils de sir Conrad dit le père d’Eléna. Il doit se rendre au lycée.
-          Belle voiture… répondit-elle. »
Eléna n’eut pas de mal à trouver le lycée, elle avait fait son plan, il y avait des panneaux partout et quelqu’un avait trouvé judicieux de programmer le GPS de la voiture. Eléna se sentait bien au volant de son bolide, sa voiture répondait au moindre de ses désires, la plus petite pression du pied causait une accélération puissante qui était grisante pour Eléna. Elle aimait cette sensation de puissance et de vitesse, cela la détendait. Elle ne mit pas longtemps à arriver au lycée, il ne lui restait plus qu’à trouver une place à l’abri des regards. Elle ne tenait pas à se faire remarquer dés son premier jour, déjà qu’elle arrivait une journée en retard. Mais ce fut peine perdue. Avec la voiture qu’elle avait personne ne pouvait la louper et beaucoup de tête se retournèrent sur son passage. Elle aperçut celle du fils de Sir Conrad qui était garée bien en vue. Faute de mieux Eléna alla se garer au bout du parking presque à l’ombre.
Après avoir pris une bonne respiration, Eléna saisit son sac et descendit de voiture. Il y avait des groupes de jeunes disséminés un peu partout qui riaient et bavardaient joyeusement. Cela donna de l’entrain à Eléna qui se dirigeait vers le hall du lycée. Il lui fallait trouver le secrétariat pour confirmer son inscription et retirer son emploi du temps. Mais Eléna était un peu perdue et elle dut faire fasse à ce qu’elle redoutait de devoir faire… Demander son chemin à de parfait inconnus. Elle remarqua un groupe de trois garçons qui discutaient dans le couloir des casiers en la déshabillant du coin de l’œil. Ils étaient grands, baraqués, ils portaient le blouson du lycée – surement des footballeurs pensa Eléna-. Eléna n’avait donc pas le choix et alla les accoster.
            « Salut !
-          Hey salut ! lui répondit un des trois gars, brun peau mat, de beaux yeux bleus.
-          Excusez moi mais… Je cherche le secrétariat. Est-ce que vous pourriez me l’indiquer ?
-          Ouais bien sur ! Tu prends le couloir de droite, et puis ce sera la troisième porte à droite.
-          Merci !
-          De rien… »
Eléna sentit leur regard dans son dos lorsqu’elle s’éloignait – pourvu que je ne tombe pas pensa-t-elle-. Elle trouva le secrétariat exactement comme ils lui avaient indiqués. Elle frappa et entra dans le bureau sans attendre une invitation. Le bureau était surchargé ; surchargé de plantes vertes de dossier et de paperasse en tout genre. Sur les murs le papier était recouvert d’emplois du temps, de  calendriers, de règlements d’infos en tout genre. Installée à son bureau, la secrétaire était absorbée par ses dossiers et n’avait pas remarqué qu’Eléna était entrée.
            « Bonjour. Dit Eléna.
-          Oh bonjour ! Excusez moi je ne vous ai pas entendue entrer, mademoiselle ?
-          Stuart, Eléna Stuart.
-          Oui ! Mlle Stuart. Vous arrivez aujourd’hui c’est cela ?
-          Oui je…
-          Alors ; voilà votre emploi du temps et le plan du lycée, ainsi que votre numéro de casier et son code. Vos professeurs du jour auront vos manuels. Pour les autres voici la liste et vous n’avez plus qu’à aller à la bibliothèque, à droite en sortant, couloir de gauche, ce sera au fond, vous ne pourrez pas vous tromper, il y aura inscrit bibliothèque en gros au dessus de la porte. Elle avait dit cela d’une traite sans prendre le temps de respirer et Eléna en resta quoi. Bien ! Je vous souhaite la bienvenue Mlle Stuart et j’espère que vous vous plairez dons notre lycée !
-          Et bien… Merci… Passez une bonne journée… Vous avez l’air surchargé de travail. La secrétaire regarda Eléna perplexe. Elle n’avait pas l’habitude que l’on s’intéresse à elle.
-          Merci !
-          Au revoir ! »
Sur ce, Eléna prit congé de la secrétaire pour aller à la bibliothèque. Eléna était absorbée par ses papiers, comme cela lui arrivait souvent, elle marchait en lisant sans vraiment regarder où elle allait. Elle ne remarqua pas qu’elle était restée la main en suspend au dessus de la poignée de la porte de la bibliothèque, plongée dans ses pensées. Quand soudain quelqu’un la bouscula.
            « Bon on peut rentrer ou t’es statufiée devant la porte ?
-          Quoi ?! Oh pardon…
-          Bon tu bouges ! J’ai pas que ça à faire !
-          Ouais ça va ! »
C’était un garçon. Non plutôt un jeune homme. Elancé, de belle carrure, un visage avec des mâchoires saillantes, brun les yeux noirs, il était habillé d’un t-shirt blanc, d’un jean et d’une veste en cuire. Le beau gosse par excellence pense Eléna. Elle se décala sur le côté mais surement pas assez vite au goût du jeune homme car il trouva le moyen de la bousculer encore.
            « Hey !!»
Même pas capable de s’excuser… Il entra dans la bibliothèque et Eléna l’y suivit. Il se dirigea vers quelques étagères, et Eléna alla au bureau. Le bibliothécaire l’accueillit avec le sourire. C’était un homme d’une quarantaine d’année bien tassée, ses cheveux commençaient à grisonner aux tempes,  il devait bien s’entretenir car il était vraiment bien fait de sa personne. Il était très élégamment habillé avec un pull et un pantalon de costume. Son regard était bienveillant, et intelligent.
            « Bonjour ! dit-il. Vous devez être Mlle Stuart, n’est ce pas ?
-          Euh oui…
-          La secrétaire m’a prévenue de votre arrivée ; rassurez vous je ne suis pas voyant… ria-t-il. J’ai déjà commencé à regrouper les manuels dont vous avez besoin.
-          Ah. Très bien merci ! »
A ce moment là, le garçon refit apparition et tendit un livre ainsi que sa carte de bibliothèque au bibliothécaire afin que celui-ci enregistre son emprunt. Eléna n’eut pas le loisir de voir sur quel livre s’était porté le choix du jeune homme ni même de le regardé lui. Il lança un « Merci » au bibliothécaire et s’en alla.
            « Et bien ! dit Eléna
-          Oui en effet… répondit le bibliothécaire. Bon alors vos livres. Voilà dit-il en lui donnant une pile de livres. Et voici votre carte de bibliothèque si jamais vous souhaitiez venir emprunter autre chose. Bon courage Mlle Stuart.
-          Oui merci ! A bientôt, Monsieur ?
-          Richard.
-          Très bien, à bientôt Mr Richard. »
Eléna laissa Mr Richard dans ses pensées. Elle retourna dans le couloir des casiers, trouva le sien et y fourra ses livres. Elle devait maintenant trouver sa salle de classe. Elle commençait par un cours de français. En se servant de son plan et en levant le nez de temps en temps elle y parvint juste avant la sonnerie. Dans la salle de classe tout le monde était déjà installé. Elle alla se présenter au professeur qui lui fournit son manuel et lui montra sa place. La pièce était pleine de souvenirs de France, cartes postales, tour Effel, et même une reproduction de la Mona Lisa. Des cartes recouvraient les murs, ainsi que des gravures historiques de l’histoire de France, comme celle de la prise de la bastille.
            « Tout le monde est là ? Bien ! Bienvenus à tous et toutes. Pour celles et ceux qui ne me connaissent pas ; je suis Mme Dupuis et je serai votre professeur de français jusqu’à votre diplôme »
Elle parlait d’une voix douce et non stridente, avec un bel accent français. Elle était petite, avec des formes généreuses, un sourire et un regard avenant. Le français était une des matières préférées d’Eléna, elle y excellait, mais elle avait eu la chance de passer une partie de son enfance en France. Elle n’eut donc aucun mal à suivre le cours, contrairement à certains dont elle voyait les traits se déformer sous l’incompréhension de ce que Mme Dupuis disait ou écrivait.
Eléna était partagée par cette première matinée. Par certains points cela c’était bien passé, et par d’autres –enfin un autre- elle se sentait mal à l’aise. C’était la pause déjeuné, elle décida d’aller voir si sa voiture était toujours là, ce qui était le cas. Les autres élèves du lycée mangeaient dehors, ce qu’Eléna trouva sympas et eut envie de faire… Mais avec qui ? Malgré les cours de français et de biologie elle ne s’était pas fait de connaissance parmi ses camardes de classe… Peut être la trouvaient ils trop impressionnante ? Elle décida d’aller chercher à manger à la cafétéria. C’est alors que, à son grand étonnement, quelqu’un lui adressa la parole…
            « Salut ! Eléna, c’est ça ? Moi c’est Mary-Jane.
-          Euh… Salut ! Enchantée…
-          On est ensemble en cour de bio ! Je suis au fond, t’as pas du me voir.
-          Non, en effet.
-          Tu veux qu’on mange ensemble ? Tu as l’air seule.
-          Oui, avec plaisir. Mais… Tu ne manges pas avec tes amis ?
-          Si ! Et tu viens manger avec nous dehors ce sera plus sympas ! Et comme ça tu rencontreras d’autres personnes !
-          D’accord ! »
Eléna se laissa guider par Mary-Jane. Ce petit brin de femme était rafraichissant. Blonde, petite et menue, les yeux bleus, elle était dynamique et souriante. Elle emmena Eléna auprès d’un groupe d’une dizaine de personnes, la présenta succinctement à tout le monde, et personne ne posa trop de questions à Eléna, ce que celle-ci apprécia. On fit une place à Eléna et le déjeuné se passa dans la bonne humeur. Ce groupe était vraiment sympa. Il y avait autant de garçons que de filles, mais deux couples seulement… En écoutant leurs conversations, Eléna comprit que les couples s’était fait et défait au gré des années ; ils se suivaient depuis la maternelle. Eléna aurait bien aimé pouvoir en dire autant. Elle n’avait pas d’amis d’enfance, juste une cousine du côté de sa mère, mais elle n’avait pas entendus parler d’elle depuis près de 3 ans. Remarquez que cela ne l’embêtait pas le moins du monde. Sa cousine Cassandre était une sorcière elle aussi, mais une sorcière de l’ombre, du mal…Ah oui ! Je ne vous l’ai pas dit, suis-je bête… Eléna était une sorcière ; une grande sorcière. Elle avait hérité cela de ses parents. Mais ses pouvoirs étaient tellement puissants que son père dut les lui brider. C’est pourquoi elle portait tout le temps une montre en collier qu’il lui avait offerte. A l‘intérieur de cette montre se trouvait des fragments de quartz rose pour la douceur et l’amour et d’hématite pour la sagesse. Cette montre n’empêchait pas Eléna de se servir de ses pouvoirs, des philtres et autres potions. Elle lui permettait surtout de contrôler ses pouvoirs et de les amoindrir. Eléna aimait bien cette montre, petite, en or blanc, avec sur le dos des entrelacs celtiques ; elle ne pouvait s’empêcher de la tenir entre ses doigts ; son contacte la rassurait. Cassandre avait une mauvaise influence sur Eléna, et elle faisait ressortir son côté maléfique. C’est d’ailleurs à cause d’elle si Eléna n’avait plus de véritables amis… et qu’elle devait porter cette montre.
L’après midi passa très vite. Après deux heures d’histoire, Eléna avait terminé sa journée. Elle rentra donc chargée de ses livres. Malgré la chaleur à l’extérieur, la maison était fraiche. Tout était calme comme d’habitude. Eléna rattrapa ses cours en retard ; et alla ensuite aider son père à faire le dîné. C’était une de leurs habitudes. Cela leur permettait de se retrouver tous les deux, de discuter et de rigoler. Cela permettait aussi à Eléna de reprendre le court normal de sa vie. Si normalité, il pouvait y avoir avec eux… Entre les déménagements, la disparition de la mère d’Eléna, le travail de son père et le fait qu’elle était une sorcière ; il n’y avait pas beaucoup de place pour la normalité chez elle.
            « Eléna ? Ca va ?
-          Oui pourquoi ?
-          Tu trifouilles ta montre.
-          Oh, oui… Excuse moi j’étais partie dans mes pensées.
-          Je vois ça. Dis-moi. Tu as quelque chose de prévu samedi soir ?
-          Papa, on vient d’arriver, et je viens de passer mon premier jour au lycée, que veux-tu que j’ai de prévu ?
-          Oh bien je ne sais pas moi, une sortie avec tes nouveaux amis, quelque chose dans ce style…
-          Il est vrai que j’ai rencontré quelques personnes mais je ne les connais pas encore assez pour sortir avec elles. Alors si tu veux je te réserve ma soirée. Qu’est ce que tu veux faire ?
-          Et bien… Mon patron nous invite tous les deux à diner au restaurant avec lui et son fils. Il serait heureux de te rencontrer enfin.
-          Bof… un dîner d’affaires.
-          Oui et non, et puis il y aura son fils. Tu l’as peut-être déjà vu au lycée.
-          Ca je n’en sais rien. Mais bon ; c’est d’accord, ça me permettra de mettre une des belles robes que ton patron m’a donné !
-          Forcément toi, avec une robe et une paire de chaussure tout va pour le mieux !
-          Exacte ! »
Eléna et son père était très complice. Elle n’aurait quasiment rien pu lui refuser et vice versa.

Le lendemain, lorsqu’Eléna arriva au lycée, Mary-Jane l’y attendait, ce qui lui fit plaisir.
            « Hey ! Salut Mary-Jane !
-          Appelle moi MJ, je préfère c’est plus court et moins snob.
-          OK ! Ca va ?
-          Ouais ! Alors ? Tu t’habitues ?
-          Doucement mais surement !
-          Chouette ta voiture …
-          Merci, c’est le boss de mon patron qui me l’a prêté !
-          C’est la même que Grégory… Elle est classe.
-          C’est qui Grégory ?
-          Certainement le fils du boss de ton père vu qu’il n’y a que eux pour s’offrir des voitures comme celle-ci…
-          C’est vrai, je l’ai vu partir avec hier matin. Bon, moi j’ai math ce matin, et toi ?
-          Math aussi !! On y va parce qu’on n’aura pas les bonnes places sinon… »
Eléna et MJ allèrent donc en cours de math ensembles, et au grand bonheur d’Eléna, une bonne place en math pour MJ était de s’assoir devant. Elles avaient donc au moins un point en commun. Le professeur –enfin la professeur- Mlle Lemarchand était plutôt sympathique et le cours passa donc rapidement, comme la journée d’ailleurs et les trois jours suivant. La semaine se termina sans qu’Eléna ne s’en aperçoive. Elle devait cela à MJ, celle-ci lui avait rendu son intégration tellement facile. Cela l’étonnait… Elle n’avait décidément pas l’habitude que les gens soit aussi gentils gratuitement. MJ lui avait assuré qu’elle n’était pas comme cela d’habitude… Elle ne comprenait pas elle-même pourquoi elle avait abordé Eléna, elle lui avait dit que c’était surement le destin et qu’il ne fallait pas trop se poser de questions. Mais Eléna n’était pas du genre à ne pas se poser de questions, tout cela lui faisait bizarre même si elle n’aurait pas su dire pourquoi. Dans tous les cas elle était heureuse que MJ lui ait adressé la parole. Elle s’était fait une amie, cela faisait longtemps, et cela lui faisait du bien, elle se sentait presque normal.
Le Samedi matin, Eléna et MJ avait rendez-vous pour une virée shopping. Eléna n’en avait pas besoin, d’une part parce que son dressing était plein à craquer et d’autre part parce que ses pouvoir lui permettait d’avoir  tous les vêtements dont elle avait envie. Mais elle souhaitait sortir pour connaître autre chose que le lycée et la maison, même si elle n’avait pas encore prit le temps d’en faire le tour. Et puis une sortie entre filles ne lui ferait pas de mal. 9h tapante, MJ était arrivée fraiche et dispo ! Eléna venait juste de se doucher, elle l’invita donc à prendre le petit-déjeuner avec elle et son père. Ils purent discuter tous les trois et le père d’Eléna découvrit une jeune femme très agréable, mais montée sur pile. MJ avait une culture générale très ouverte et il était facile de discuter avec elle. Après une visite rapide de la maison, elles partirent direction le centre commercial. Eléna était contente de parler de tout et de rien, des fringues, des chaussures, des mecs… MJ dévalisa les boutiques. Autre point commun entre les deux jeunes femmes, elles adoraient les chaussures. Eléna servit de juge impartiale quant aux choix des tenus que MJ essayait.
                        « Tu ne t’ais quasiment rien acheté…
-          C’est vrai, mais mon dressing est plein et puis j’économise pour m’acheter une tenue pour le bal d’halloween !
-          Tu as raison. Je t’emmènerai dans ma boutique préférée. J’ai hate d’y être j’adore Halloween.
-          Ah bon…
-          Pas toi?
-          Bof… Ce n’était pas la fête préférée d’Eléna, il faut dire qu’on ne faisait pas un portrait très flatteur des sorcières… Les humains ont des idées vraiment farfelues quelques fois, des verrues sur le nez, bossues ; leurs sorcières étaient vraiment laides, rien à voir avec Eléna…
-          OK… Bon il est déjà 16h. Il faut que tu rentres pour te préparer !
-          Oui tu as raison. Merci pour aujourd’hui, ça m’a fait du bien.
-          C’était sympa ! Il faudra le refaire !
-          Tu restes un peu pour m’aider à me préparer ?
-          Ah ouais super !! »
MJ était toujours très enthousiaste quand on lui proposait de faire quelque chose, surtout quand cela concernait la mode. Elle aimait être avec les autres, rire et parler. C’était une fille vraiment agréable. Toujours présente pour ses amies, et Eléna s’en rendrait compte bien assez tôt…
Une fois arrivées devant – enfin dans- le dressing, le choix devint difficile, et MJ compris pourquoi Eléna ne s’était rien acheté cette après-midi là.
                        « Ben dis donc !
-          A qui le dis-tu !
-          Pfiou ! il n’y a que l’embarras du choix !
-          C’est bien ça le problème. Je n’arrive pas à faire mon choix.
-          Hum… Attends que je regarde, et laisse moi faire… 
MJ inspecta avec attention les robes et les chaussures. Après quatre ou cinq allez retour, elle choisit une magnifique robe noire et les escarpins assortis.
-          Voilà ! Une robe noire sobre et classe avec une pointe de sexy quant même et des escarpins noirs, le must à ne pas oublier ! »
Le corps d’Eléna se retrouva mis en valeur comme jamais auparavant. La robe avait la taille parfaite, elle mettait en valeur sa taille marquée, sa poitrine de femme et le haut de son dos mis à nu laissait dévoiler l’un de ses tatouages ; un signe celtique représentant le signe Muin, son signe celtique celui de la maturité et du plaisir des sens. Tout était harmonieux, elle avait lâché ses cheveux, et c’était peu maquillé ; en bijoux elle ne portait que sa montre. Eléna pensa que sa robe était peut-être un peu déplacé pour un dîné d’affaires, mais elle voulait faire honneur à son hôte. MJ prit congé d’Eléna et de son père et tout deux purent alors passer un peu de temps ensembles.
                        « Alors cette semaine ?
-          Trop rapide ! Je ne l’ai pas vu passer !
-          Je vois que tu t’es fait des amis… J’aime bien cette MJ.
-          Ouais… Elle est sympa…
-          Mais ?
-          Mais tu sais très bien ce que je veux dire.
-          Tu as le droit de te faire des amis !
-          Oui mais pas de tout leur dire comme à une meilleur amie ! et… c’est juste que j’en peux plus de toujours tout cacher, de mentir à ceux auxquels je tiens !
-          Je comprends mais tu sais ce qui arrive quand on parle de nos pouvoirs.
-          Oui, oui je sais et je n’ai pas envie de perdre encore quelqu’un. Tous deux prirent le petit sentier afin de rejoindre leurs hôtes. En silence.
-          Au fait, ma puce… dit son père rompant ainsi ce silence lourd de sous entendus.
-          Oui ?
-          Tu es très belle ce soir, plus que ta mère à ton âge.
-          Merci papa… »
Arrivés à la coure de devant, deux voitures les attendaient. Une limousine avec chauffeur et la voiture du fils de Sir Conrad, qu’Eléna n’eut aucun mal à reconnaître puisque c’était la même que la sienne. Eléna observa son père. Il était vêtu d’un pantalon et d’une veste de costume avec une chemise assortie.
                        « Tu aurais pu mettre une cravate papa.
-          Pourquoi ?
-          Cela aurait été plus respectueux de notre hôte !
-          Pourquoi s’engoncerions-nous quand nous devons aller dîner ? Ce sont bien des idées de femmes ! 
Eléna ne sut quoi dire. La réponse ne venait pas de son père mais d’un autre homme. Un homme d’âge mur, la cinquantaine, les cheveux grisonnent à la Richard Geere, avec autant de sagesse et de facétie dans le regard que Sean Connery. Eléna ne savait pas pourquoi mais elle avait imaginé Sir Conrad beaucoup plus vieux. Mais il est vrai qu’il avait un fils du même âge qu’elle ; il ne devait donc pas être si vieux, en tout cas pas plus que son propre père. Cependant, en le regardant avec attention, Eléna pensa qu’il devait avoir vécu bien plus de choses que toutes autres personnes.
-          Mademoiselle ?
Eléna tenait sa montre… Il fallait vraiment qu’elle arrête avec ce toc qui la trahissait.
-          Excusez ma fille, Sir, elle est souvent dans la lune. N’est ce pas Eléna ?
-          Oh ! Oui… Excusez moi vous m’avez surprise. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit vous qui me répondiez.
-          Dans ce cas pardonnez-moi de vous avoir fait peur. Je suis enchanté de faire enfin votre connaissance Eléna. Votre père m’a souvent parlé de vous.
-          Enchantée. Bien-sûr tout ce que vous a dit mon père n’est que parfaite ineptie.
-          Ah ! Tiens donc… En ce cas vous n’êtes donc pas une jeune femme intelligente et respectable ?
-          C’est ce qu’il vous a dit ?
-          Oui…
-          Et bien… Il a été trop gentil pour une fois. Sir Conrad ria de bon cœur.
-          Vous avez du caractère et du répondant, c’est très bien pour une jeune femme. Les hommes n’ont qu’à bien se tenir.
-          Si tu as fini papa ; peut-être pourrions nous aller dîner ? »
Eléna ne l’avait pas vu arriver, mais maintenant qu’il s’était fait entendre, elle ne pouvait plus retirer son regard du fils de Sir Conrad. Elle restait bouche bée –encore une fois-. Quant à lui, il l’a regardait fixement.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire