10 févr. 2012

Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, de Stefan Zweig

Vingt-quatre heures de la vie d'une femme

de Stefan Zweig

éditions Le Livre de Poche


Quatrième de couverture:

Scandale dans une pension de famille "comme il faut", sur la côte d'Azur du début du siècle : Mme Henriette, la femme d'un des clients, s'est enfuie avec un jeune homme qui pourtant n'avait passé là que la journée... Seul le narrateur tente de comprendre cette "créature sans moralité", avec l'aide inattendue d'une vieille dame anglaise très distinguée, qui lui expliquera quels feux mal éteints cette aventure a réanimés chez elle. Ce récit d'une passion foudroyante, bref et aigu comme les affectionnait l'auteur d'Amok et du Joueur d'échecs, est une de ses plus incontestable réussites.

Ma chronique:

Attention les yeux mes petits démons, ceci n'est pas un chronique comme j'ai l'habitude d'en faire. J'ai dû lire ce livre pour mes études et en faire une Fiche Lecture. Et c'est cela que je vais partager avec vous aujourd'hui.
A la fin de la fiche, vous retrouverez quelques lignes sur mon sentiment profond par rapport à cette nouvelle.

24H de la vie d’une femme

Auteur : Stefan Zweig
Editeur : Le Livre de Poche
Collection : Littérature & Documents
Date d’édition : Avril 2011
Nombre de pages : 125
Traduit de l’Anglais par Olivier Bournac et Alzir Hella.

L’Auteur :
Né à Vienne en 1881, fils d’un industriel, Stefan Zweig a pu étudier en toute liberté l’histoire, les belles-lettres et la philosophie. Grand humaniste, ami de Romain Rolland, d’Émile Verhaeren et de Sigmund Freud, il a exercé son talent dans tous les genres (traductions, poèmes, romans, pièce de théâtre) mais à surtout excellé dans l’art de la nouvelle (La confusion des sentiments, Le joueur d’échecs), l’essai et la biographie (Marie-Antoinette, Fouché, Magellan…). Désespéré par la montée du nazisme, il fuit l’Autriche en 1934, se réfugie en Angleterre puis aux États-Unis. En 1942, il se suicide avec sa femme à Petrópolis, au Brésil.

Le genre :
Ce livre est une nouvelle dont le concept a été inspiré à l’auteur par le roman épistolaire de la Princesse de Salm, Vingt quatre heures de la vie d’une femme sensible.

Le Cadre :
Dans une pension sur la Riviera, au début du XXème siècle, dix ans avant la première guerre mondiale, soit vers 1904.

Les personnages principaux :
    - Mrs C…, 67 ans environ, veuve, deux enfants, se remémore vingt quatre heures de sa vie, suite à un fait d’hivers.
    - Le Joueur, entre 20 et 25 ans environ, nous ne connaissons pas son nom, il vient de la Pologne Autrichienne, il se destinait à une carrière diplomatique. Après avoir vu son oncle gagner aux jeux, il en devint accro.
    - Le narrateur, nous ne connaissons rien de lui, à part qu’il prend la défense de Mme Henriette, et que cela touche Mrs C….
    -  Mme Henriette, celle par qui le scandale éclate, et celle qui fait replonger Mrs C… dans un passage de sa vie. Mariée, deux enfants, une trentaine d’années, du jour au lendemain, elle quitte Mari, enfants et amis pour suivre un homme plus jeune qu’elle, rencontré quelques jours plutôt.

Résumé :
Nous sommes quelques années avant la guerre, dans une pension de la Riviera sur la côte d’Azur. À cette époque, les femmes portent de belles toilettes, et se consacrent à l’éducation des enfants. Cette pension regroupe plusieurs personnes biens sous tout rapport ou « comme il faut », du moins en apparence. Il y a le narrateur, Mrs C…, une anglaise discrète et distinguée ; un couple d’Allemands venus faire de la photo ; un Danois rondelet voulant pratiquer l’art de la pêche ; un couple Italien venu paresser au soleil, et un couple de Lyonnais avec leurs deux filles. Il y avait d’autres clients de la résidence, mais il n’en est pas fait mention dans la nouvelle.
Tout ce petit monde vit en harmonie, discutant, jouant, et mangeant ensemble ; jusqu’à l’arrivée d’un jeune homme français. Blond, le visage juvénile, il faisait montre d’attention envers nos protagonistes, notamment Mme Henriette.
Cet équilibre bascule lorsque l’industriel Lyonnais découvre un beau matin, que sa femme a disparue, emportant ses valises.  Ce n’est que le soir venu, qu’il découvre une lettre qu’elle lui a laissée, expliquant qu’elle était partie avec le jeune français.
Ce scandale entraina nos protagonistes dans un débat plutôt enlevé, dans lequel seul le narrateur prend la défense de Mme Henriette quitte à outrer les autres. Les arguments avancés par le narrateur, éveillent l’intérêt de Mrs C… qui était jusque là restée en retrait. Intriguée par ce témoignage de tolérance, elle cherche à avoir une entrevue avec lui. Une fois assurée qu’il pensait vraiment ce qu’il disait sur Mme Henriette, Mrs C… décide de lui dévoiler un lourd secret. Vingt quatre heures de sa vie qui auraient pût tout changer.
Alors qu’elle avait 43 ans et que sont mari était déjà décédé. Elle s’était rendue à Monte-Carlo pour y voir sa belle-sœur et s’y divertir. Un soir alors qu’elle était au casino, et qu’elle regardait les mains des joueurs comme le lui avait appris son défunt mari, elle resta circonspecte face à des mains qu’elle qualifia elle-même « d’une beauté rare ». Malgré elle, elle releva lentement ses yeux vers le visage de ce jeune homme, et fut effrayée de constater que son visage exprimait autant de choses que ses mains. Voyant la détresse du jeune homme lorsque celui-ci perdit tout son argent, elle le suivit hors du casino pour le retrouver allongé sur un banc alors qu’il pleuvait. Prise de pitié, elle l’aida, le poussa à se relever, et à l’accompagner dans un hôtel où il pourrait dormir au sec. Elle voulait qu’il reparte chez lui par le premier train dès le lendemain matin. Mais la nuit ne se déroula pas comme elle l’aurait pensé. Ils passèrent la nuit ensembles, et au petit matin, Mrs C… se sentait différente. Elle était cependant bien décidée à le faire revenir dans le droit chemin, et lui faire oublier son addiction au jeu de hasard. Ils passèrent la journée ensembles en attendant le train. Il lui raconta sa vie, dévoilant ce qui l’avait amené à Monte-Carlo. Lorsqu’ils se séparèrent (avant de se retrouver à la gare pour un dernier adieu), Mrs C… prit une grande décision. Elle l’accompagnerait. Elle partirait, laissant amis et famille. Alors, elle fit préparer ses bagages, mis en ordre ses affaires, mais un léger contretemps la mis en retard, et elle loupa le train. Désemparée, elle laissa ses bagages à la gare, et passa par tous les lieux où ils avaient partagé des moments qui resteraient à jamais gravés dans sa mémoire. Vers 20h, elle retourna au casino. Mais la découverte qu’elle y fit, la désola. Elle le trouva attablé à la Roulette, jouant l’argent qu’elle lui avait donné pour qu’il s’en sorte. Malgré ses protestations, il refusa d’arrêter de jouer, et l’humilia en public. Le soir même, elle prit le train de 22h (vingt quatre heure exactement après sa rencontre avec le jeune homme) pour Paris, et après un voyage de 48h, elle arriva chez son fils en Angleterre. Dix après cette épisode de sa vie, elle apprit qu’il s’était suicidé, mettant fin à sa culpabilité.

Extrait :

Éditions Le Livre de Poche, page 37 (il n’y a pas de chapitre) :
    « Et maintenant, vous comprendrez pourquoi je me suis décidée brusquement à vous raconter ma destinée. Lorsque vous défendiez Mme Henriette et que vous souteniez passionnément que vingt quatre heures pouvaient changer complètement la vie d’une femme, je me sentis moi-même visée par ces paroles : je vous étais reconnaissante parce que, pour la première fois, je me sentais, pour ainsi dire, confirmée, et alors j’ai pensé que peut-être, en libérant mon âme par l’aveu, le lourd fardeau et l’éternelle obsession du passé disparaîtraient et que, demain, il me serait peut-être possible de revenir là-bas et de pénétrer dans la salle où j’ai rencontré ma destinée, sans avoir de haine ni pour lui, ni pour moi.»

J’ai choisi ce passage car il exprime à lui seul tout le cheminement du livre, et en particulier, le travail de confession de Mrs C… Par le fait qu’elle raconte en détail ce passage de sa vie, elle cherche à se décharger du poids de la culpabilité, de ne pas avoir pu sauver ce jeune homme. En même temps, ce passage nous montre bien, que la tolérance du Narrateur envers Mme Henriette, lui amène la reconnaissance de Mrs C…, reconnaissance, qu’elle avait cru elle-même percevoir dans les yeux de son détracteur. Faire son autocritique auprès du Narrateur, représente une sorte de psychanalyse pour Mrs C… Elle prend conscience de son acte manqué.


Appréciation en lien avec la forme :
    - Je ne peux pas dire que j’ai aimé ni que j’ai détesté ce livre. J’ai eu du mal à le débuter, et ce n’est que peu de temps avant de faire cette fiche, que j’ai réussi à le lire d’un bout à l’autre sans m’arrêter. Il ne fait pas parti de mes lectures habituelles, et le style philosophique a été, pour moi, difficile à « apprivoiser ».
    - C’est un livre court, puisqu’il fait parti du genre de la nouvelle. Les caractères sont de bonne taille, et dans une police classique. Les phrases sont parfois très longues, ce qui peut amener de la difficulté lors de la lecture. La couverture représente une femme des années 1900, prenant le soleil. On peut très bien s’imaginer cette scène dans le livre.

Appréciation en lien avec la formation professionnalisant du métier de soignant :
    -  Les idées principales abordées dans cette nouvelle sont la psychologie de la personne âgée, et celle de la femme, que nous n’avons pas encore vue dans l’unité d’enseignement 1.1 : Psychologie, Sociologie et Anthropologie, l’addiction (aux jeux), et l’autolyse (le dualisme pulsionnel : la pulsion de mort) ainsi que toute la psychologie de l’adulte et du vieillissement. Ce texte aborde la culpabilité, et le besoin de pardon.

Mon avis :
Si au départ j'ai eu du mal à lire cette nouvelle, une fois la dead line arrivée, je n'ai eu d'autre choix que de m'y mettre. Et j'ai été emportée ! Contre toute attente, j'ai aimé. Le démarrage est difficile, les phrases sont longue, le langage, d'un autre temps. Zweig est très philosophe, il aborde des sujets très prisés en psychologie, mais si vous mettez cela de côté, vous vous plongez dans l'histoire, jusqu'à la dernière page. Vous voulez savoir ce qu'il arrive à Mrs C... et à ce jeune homme. Si vous tombez dessus, et que vous avez une envie soudaine de lecture profonde... allez-y !

2 commentaires:

  1. Il faut que je le lise celui-ci. Du même auteur il y a Marie-Antoinette dont je suis tombée amoureuse ;)

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  2. Si tu aimes Zweig, je te le conseille ! Une amie a lu La confusion des sentiments aussi...

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